Dites-nous Bernard Stiegler ? Sommes-nous vraiment tous des américains ?

L’École Européenne Supérieure de l’Image de Poitiers/Angoulême organise la 1ere édition de la biennale "Figures de l’Interactivité", avec le partenariat de l’Université de Poitiers et de l’Université du Québec à Montréal. Donc, nous disions Bernard sera le 15 novembre au Théâtre national de la Colline et du mercredi 19 au vendredi 21 novembre au Théatre et auditorium de Poitiers. Je dis ça, je dis rien, mais il faudrait quand même penser à refaire de nouvelles photos de Bernard Stiegler, c'est toujours la même que les administrateurs de sites affichent.

Sinon, la pensée de Bernard Stiegler, qualifié d'inévitable et toujours passionnant par Jean-Noël Lafargue, continue de percer au sein de la blogosphère française. Olivier Ertzscheid reprend ses idées (et celles d'Alain Giffard), à propos de l'industrialisation de l'intime, à son article sur la représentation du monde que donnent à voir les moteurs de recherche : Politburo motorisé : Goobama ou MicroCain ?.

Dès le XIXe siècle, en France, des organes facilitaient l’adoption des produits industriels qui venaient bouleverser les modes de vie et luttaient contre les résistances suscitées par ces bouleversements : ainsi la création de la "réclame" par Emile de Girardin et celle de l’information par Louis Havas. Mais il faudra attendre l’apparition des industries culturelles (cinéma et disque) et surtout de programmes (radio et télévision) pour que se développent les objets temporels industriels. Ceux-ci permettront un contrôle intime des comportements individuels, transformés en comportements de masse – alors que le spectateur, isolé devant son appareil, à la différence du cinéma, conserve l’illusion d’un loisir solitaire.

Bernard, il fait pas que ça, il dit aussi "Trade Follows Films" (ou le marché suit les films) ; il dit que le cinéma (américain) permet de véhiculer un mode de vie (américain) qui va permettre de vendre plein de produits (américains). De ça, il va en parler lors de la conférence de Poitiers, c'est sûr.

Mais où va se situer Bernard dans son discours ? Parce que là, si je prends l'engouement en France pour l'élection d'un président d'un pays de pas chez elle ; si je prends un autre article du même Olivier Ertzscheid, Nous sommes tous des américains (fauchés) et notre ministère est un Ponce Pilate numérique ; alors je dis faut faire quelque chose.

A l'initiative de Google et sur les fonds de Google, Google forme les futurs utilisateurs et clients de Google là où ils sont, c'est à dire dans les collèges. Il les forme à l'utilisation de Google et des outils de Google. Il le fait avec l'aval du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche (dont la DUI est l'émanation directe), ce dernier se vautrant dans le confort de la figure d'un Ponce-Pilate numérique (dont on connaît la propension à "s'en laver les mains").

En gros, l'influence du privé, à l'américaine, s'invite dans notre beau pays. Google, pour ne citer que cette entreprise, impose sa façon de penser le monde (américain) à nos enfants. Et la seule alternative qu'arrive à nous présenter Olivier Ertzscheid, c'est Ars Industrialis comme Think Tank et Bernard Stiegler comme gourou.

Soit, Olivier et moi sommes mono lecture, soit il va falloir penser à évangéliser un peu plus.