Big attention, Deep attention

Big attention

Alors attention, cette semaine, l'actualité ce n'est pas la bataille ridicule sur les blogs de filles ; cette semaine, l'actualité a pour sujet les enfants et leur relation avec les écrans qui peuplent notre société ; un truc de filles normalement.

Effectivement, nous en sommes pas dans ce débat stérile pour savoir si c'est super vraiment cool d'être une blogueuse ; nous abordons un sujet pour lequel il faut faire un gros effort de concentration, un effort pour parcourir une série de textes qui tentent d'expliquer l'influence de la lecture sur un écran. Les écrans sont de nouveaux supports de lecture qui induisent une façon différente de raisonner.

Samedi, ce samedi 6 décembre, je me suis rendu à la réunion d'Ars Industrialis en collaboration avec le CIEM, l'association présidée par le philosophe Bernard Stiegler. La conférence avait pour sujet l'influence de la télévision sur nos comportements et surtout sur les comportements des enfants de moins de 3 ans. La télévision est un média passif qui impose un flux d'information.

Ce que dont quoi nous informe cette conférence c'est qu'il existe une corrélation directe entre temps de consommation médiatique, présence de téléviseurs dans les chambres des élèves et cas d’échecs scolaires. Une recommandation du CSA explique que :

Dans un avis du 16 avril 2008 sur l’impact des chaînes télévisées sur le tout-petit enfant (0 à 3 ans), le ministère de la santé considère comme non-pertinent le concept de programme de télévision adapté à l’enfant de moins de 3 ans. Les fondements scientifiques sur le développement cognitif et psychique de l’enfant tendent à démontrer que les programmes de télévision spécifiquement conçus pour les très jeunes enfants ne sauraient avoir un effet bénéfique sur leur développement psychomoteur et affectif. Au contraire, les études disponibles soulignent le risque lié à la consommation d’images télévisuelles sur la naissance et le développement des processus de pensée et de l’imagination, sur l’intégration des émotions et sur le développement psychomoteur. Pour développer ses capacités physiques, psychomotrices, cognitives et affectives, l’enfant doit utiliser activement ses cinq sens et s’appuyer sur la relation avec un adulte disponible. Le ministère de la santé se prononce contre la diffusion des chaînes spécifiques pour les enfants de moins de 3 ans et recommande notamment que les sociétés commercialisant des émissions destinées aux jeunes enfants ne puissent alléguer de bénéfices pour la santé ou le développement de l’enfant non prouvés scientifiquement.

Ce que nous propose Ars Industrialis, c'est de plafonner les recettes de la publicité pour les chaînes de télévision et de les inciter à investir dans la réalisation de programmes pédagogiques.

Certes Bernard, nous sommes confrontés à un problème de santé publique. Les enfants des classes laborieuses sont victimes de cette économie pulsionnelle, cette crise du désir ; il faut prendre soin de la jeunesse. Jusqu'ici tout le monde est d'accord, mais ensuite ? C'est la deuxième fois que je suis témoin de la clôture d'une réunion Ars Industrialis avec cette question qui reste en suspens.

Si je puis me permettre une remarque, je pense qu'il manque sérieusement un discours sur l'économie et principalement un discours sur l'économie proposée par le monde du logiciel libre. Je sais que ces sujets sont discutés et pris en compte, pourtant je crois que le discours ne se focalise pas assez sur le phénomène du web.

Deep attention

L'attention profonde ou deep attention, c'est un peu comme relire une dizaine de fois un billet de Bertrand Keller pour essayer de comprendre ce qu'il a bien voulu dire. L'attention profonde, c'est l'effort réalisé pour essayer de comprendre un concept ou une idée. Un effort, qui, s'il est couronné de succès, permet de s'individuer, c'est-à-dire de se remettre en question par rapport à une nouvelle façon de se regarder ; c'est un peu se rendre compte qu'on existe.

Les raisons pour lesquelles le sujet du web n'est pas assez pris en compte c'est que le champ du problème de deep attention s'est déjà déplacé sur la toile. Très bien une forte proportion de foyers sont équipés de téléviseurs, l'analyse sur ce problème sanitaire est très complète et il faut agir ; seulement il faut compléter le débat avec l'influence que peut avoir l'utilisation d'ordinateurs sur nos esprits.

L'usage d'internet par les plus jeunes est sujet à de grands dangers. Pour preuve la tragique histoire de cette adolescente retrouvée pendue dans sa chambre : Sur l’internet, les enfants ne s’éduquent pas seuls.

La semaine dernière avait lieu aux Etats-Unis le procès de Lori Drew, une Américaine de 49 ans qui s’était faite passée en 2006 sur MySpace, avec l’aide de sa fille Ashley, pour un jeune garçon de 16 ans, Josh Evans. Cet adolescent fictif avait flirté en ligne avec une adolescente « amie » de sa fille, Megan Meier, 13 ans, avant de finir, après plusieurs semaines, par la rejeter brutalement, d’un e-mail lapidaire : « Le monde serait meilleur si tu n’existais pas ». L’après-midi même, la jeune adolescente était retrouvée pendue dans sa chambre.

Si effectivement on peut classer ce phénomène dans la rubrique des faits divers, il est important de noter que cette adolescente a manqué du soutien d'un adulte.

Deuxième article, un peu plus corsée, Internet et Google vont-ils finir par nous abrutir ? chez framablog, une traduction de Is Google Making Us Stupid? par Nicholas Carr. Cette petite réflexion a eu un fort succès outre atlantique.

Jamais système de communication n'a joué autant de rôles différents dans nos vies, ou exercé une si grande influence sur nos pensées, que ne le fait Internet de nos jours. Pourtant, malgré tout ce qui a été écrit à propos du Net, on a très peu abordé la façon dont, exactement, il nous reprogramme. L'éthique intellectuelle du Net reste obscure.

Notre propre intelligence deviendrait semblable à l'intelligence artificielle ? Effectivement y a un paquet de questions à se poser. Encore sur le site Framablog, on se pose même la question de savoir si cela ne servait plus à rien de mémoriser et d'apprendre par coeur ?

D'après Tapscott, l'existence des Google, Wikipédia et autres bibliothèques en ligne induit que l'apprentissage par cœur n'est plus un élément nécessaire de l'éducation.

Je crois qu'avec des programmes comme ceux de monsieur Tapscott, le contrôle des esprits va devenir un système très performant.

Heureusement, il n'y a pas de fatalité. Des exemples nous en avons, comme celui du programme éducatif de la Finlande : Education - Pourquoi la Finlande ?.