Les "geeks" à la conquête de Wall Street, un danger pour la finance

Article hallucinant sur la manière de spéculer sur les cours de bourses grâce à des logiciels de transactions ultra-rapides. Aux décisions humaines se sont substitués les logiciels de calculs automatiques : Les "geeks" à la conquête de Wall Street.

Depuis l'informatisation complète des transactions boursières, l'arme suprême des spéculateurs est la vitesse. Les programmes d'achat et de vente ultrarapides, basés sur des algorithmes toujours plus complexes et tournant sur des ordinateurs toujours plus puissants, sont devenus des outils décisifs. On assiste à une féroce course à l'armement entre opérateurs. En 2008, plus du quart des transactions boursières aux Etats-Unis ont été réalisées grâce à des algorithmes. Le temps de latence (délai entre l'émission d'un ordre et sa réalisation) est de l'ordre de la milliseconde, et les profits ainsi réalisés se chiffrent en milliards de dollars par an.

Les banques investissent et se permettent de faire fructifier leur capital en misant sur le profit maximal plutôt que de garantir leur stabilité. En réalité, la grande question qu'on se pose c'est : est-ce qu'il reste tant d'humain que cela dans ce système ? Les système informatiques ultrapuissants remplacent les facultés de jugement. Noam Chomsky et beaucoup d'autres décrivent qu'en 1929, malgré la crise, les gens étaient plein d'espoir.

Oui, il y avait à l'époque le sentiment que les choses s'amélioreraient. C'est une époque, où même si l'on n'avait pas été longtemps à l'école, la culture était beaucoup plus présente dans les classes modestes. On écoutait le Quartet de Budapest, on discutait des mérites de Freud. Les syndicats se développaient et les gens découvraient les vacances. Ils étaient très pauvres mais ils avaient la certitude que la vie était riche, et qu'elle serait meilleure. La période que nous vivons actuellement est beaucoup plus déprimée, il n'y a pas de sentiment d'espoir.

Le sentiment que la vie pouvait s'améliorer vient certainement de la culture qu'avait les gens ainsi que le niveau de sociabilité de la société. En 2010, aussi bien notre culture que notre sociabilité est en train de passer dans la machine. L'espoir que les médias nous communiquent viendrait des exploits technologiques de nos grandes entreprises ou startup pour vaincre le mal qui ronge notre planète ou encore d'un événement providentiel venu de l'espace.

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Le peuple est comme dépossédé de son futur, son avenir est pris en charge par de grandes institutions. L'homme, dans cette course effrénée, devient une variable d'ajustement. Ronger par la multitude de choix du quotidien, il se laisse guider sur une autoroute tracée pour lui, sur laquelle les payages se succèdent. Nous vivons dans des structures relationnelles de la féodalité, comme le dit Michel Volle : L'interaction informatisation/prédation aux origines de la crise de l'économie contemporaine.

On peut expliquer la crise contemporaine comme le résultat d’une inadaptation à l’économie informatisée. Du côté des consommateurs, la qualité n'est pas encore devenue le critère principal de la satisfaction. Les politiques ont pour seul souci la « fracture numérique », qui n’est en regard de l’informatisation qu’un problème secondaire. Les entreprises n’ont pas encore conçu la doctrine d’emploi de l’informatique, ne maîtrisent pas l’ingénierie d’affaires nécessaire aux partenariats et rechignent à déployer les services qu’elles croient improductifs.

L'organisation de l'économie place l'informatique comme un produit alors que ce devrait être un outil. L'outil est un objet technique qui demande à un groupe humain un certain temps pour apprendre à s'en servir et a en aquérir les usages. Le marché de l'innovation cherche à remplacer un outil par un autre sans laisser le temps aux générations pour assimiler les pratiques générées.

Nous devrions prendre plus temps et penser.