Bernard Stiegler, intervention du 8 septembre 2009

Bernard Stiegler nous a fait le plaisir d'intervenir en compagnie de Richard Stallman, ce 8 septembre 2009, à la mairie du 3ème arrondissement. Etaient présents Martine Billard et Patrick Bloche.

Je vous présente un résumé rapide de son discours qui va totalement dans le sens de la conférence de Lawrence Lessig (Getting the network the world needs) ou des écrits de Michel Volle (Les « geeks » à la conquête de Wall Street, un danger pour la finance). Selon Bernard, nous serions confronté à une bêtise systémique.

Au 19ème siécle, la société productiviste a privé le travailleur de son savoir faire et ne lui a plus laissé que sa force de travail, ceci se nomme la prolétarisation. La société consumériste du 20ème siècle grâce aux technologies de la communication (l'industrie culturelle) a posée une limite entre le producteur et le consommateur. Le consommateur s'est vu privé, comme l'ouvrier du 19ème siècle, de son savoir faire mais surtout de son savoir vivre.

Le concepteur, celui qui travaille dans les laboratoires de recherche, est devenu un expert en paramétrage de systèmes complexes. Sa méconnaissance du fonctionnement de ce qu'il manipule lui a fait perdre tout sens critique. Lui aussi est devenu un prolétaire. Le savoir est passé dans la machine. Voir la crise financière et le scandale Bernard Madoff.

Le problème est que, désormais, la consommation permet d'accéder à la culture sans en faire (Lecture). Or, jusqu'à l'avénement de cette société consummériste, pour se divertir, il fallait pratiquer l'art. On considérait qu'on ne pouvait pas regarder un tableau sans le copier. Comprendre une oeuvre nécessitait de la reproduire (Lecture et écriture).

La bêtise systémique symbolise la transition douloureuse de la société de la consommation à la société de la contribution.

jeux de quilles

La société de la contribution se concrétise par la possibilité de copier, de manipuler et de partager du code (le langage) ; comme dans le monde du logiciel libre. En effet, pour savoir parler, il faut apprendre à parler ; pour savoir lire, il faut savoir écrire. L'accès au code source permet de donner un point de vu diacritique à l'utilisateur, c'est-à-dire la possibilité de critiquer ce qu'il perçoit.

Bernard Stiegler semble vouloir dire que la société est fatiguée, usée par la société de consommation, la sociéte de la distraction. Elle désire reprendre le pouvoir de création (savoir faire) que le marketing s'est évertué à détruire pour maintenir ses profits. Lire Edward Bernays, neveu de Freud et père de la propagande.

Les technologies numériques de la contribution redonnent aux utilisateurs la possibilité de devenir eux aussi producteurs. La loi Hadopi ou les copyright n'ont pour but que de maintenir le monopole de la création en interdisant la copie. Il s'agit, ni plus ni moins, d'un archarnement thérapeutique pour la conservation du système actuel.

Les lois favorisant le contrôle plutôt que le partage ne peuvent aller contre le cours des choses. Elles limitent les libertés et contraignent la transition économique. Pour cette raison, il faut combattre ces lois restrictives et participer à la création d'un nouveau système de rétribution.