L'iPad ne va pas sauver la presse
Je mets iPad dans le titre pour voir si j'arrive à augmenter le trafic de ce blog avec un petit mot magique. Le vrai sujet de ce billet concerne l'information qui nous semble aller vers un vrai souci de rentabilité dans un système purement mercantile.
Les journalistes attendent beaucoup de la nouvelle tablette de Apple. En ce qui me concerne, je reste sceptique. On peut imaginer que pour un usage de navigation vagabonde, cet écran puisse convenir. Pour les manipulateurs d'informations, les échangeurs de liens, l'interface reste limité : une semaine avec un iPad.
A propos de l'information que les journalistes veulent monnayer grâce à des applications compatibles avec la plaquette, quelques auteurs rappellent qu'historiquement l'information n'a jamais vraiment été rentable.
Robert G Picard pense que les fournisseurs d’information feraient bien de consacrer leurs efforts à créer d’autres activités commerciales qui pourront subventionner l’information : L’information n’a jamais été un produit commercialement viable.
Leur approche est erronée et ignore cette réalité fondamentale : l’information n’a jamais été un produit commercialement viable parce que la majorité du public a été, et demeure, réticente à payer pour l’information. Par conséquent, l’information a toujours été financée par des revenus qui dépendaient de la valeur de cette information pour d’autres activités.
Mieux encore, pour Clay Shirky, le modèle actuel est un accident historique : L’avenir des journaux: un point de vue brillant… mais dérangeant.
Le présent modèle d’affaires des journaux, où des entités commerciales financent massivement la production de quelque chose qui, finalement, s’apparente davantage à un service public, est une sorte d’accident historique, maintenant voué à disparaître.
Il y avait un ensemble de forces qui ont rendu ça possible. Cela n’avait rien à voir avec une réalité profonde – le modèle d’affaires du journalisme "chien de garde" n’était pas lié à une réalité du marché.
L'avenir vu par Clay n'est pas très reluisant :
Je pense que quelque chose de terrible va arriver. Et ça me semble incroyable à quel point, dans une conversation entre adultes, les gens ne prennent pas au sérieux la possibilité que les choses vont sérieusement empirer pendant un certain temps. J’ai l’impression que cette descente vers plus de corruption dans les petites et moyennes villes est en gestation dans l’environnement actuel. Je vois pas comment on pourrait y échapper. C’est pourquoi j’ai le sentiment que l’on se dirige vers un long déclin du journalisme "chien de garde", étant donné que les anciens modèles s’écroulent plus vite que les nouveaux se construisent.
Donc en gros, iPad ou pas, le déclin de la presse n'est pas là, l'avenir des sociétés travaillant dans le web non plus. L'iPad est un mirage consumériste et matérialiste pour les seigneurs télévisuels et journalistiques, un mirage pour vieux quoi.
Pendant que nos poubelles gonflent de composants électroniques éphémères, la corruption se propage et les libertés reculent.