Sudweb 2013, réflexions
L'édition de Sudweb 2013 vient de se terminer. Auditeurs et orateurs ont regagné leurs chaumières que garderont-ils en tête de cette édition : les conférences, les chansons du ménestrel, le goût des petits fours ..?
La génèse
La volonté des organisateurs de Sudweb est de générer des discussions autour du retour d'expérience. La programmation fait donc la part belle à des sujets parlant des relations humaines, de concepts ou encore de prospectives.
En évitant de se lancer sur de la technique pure et dure pour montrer qui a la plus grosse… maîtrise du code ; les organisateurs tentent de mettre en avant le bénéfice du rapport humain entre les personnes pour favoriser la transmission de savoirs.
La politique
La conférence du chevalier mystère David Larlet aura mis en scène une situation rare en conférence, celle d'une assemblée de fidèles maîtres du web se parlant face à face sur les sujets de l'éthique, de l'argent ou de la santé.
Si l'exercice permit effectivement de réveiller la foule, on peut dire que nous sommes quel que peu restés sur notre faim concernant l'élévation du débat.
Venu l'année précédente parler du besoin de réflexion sur les principes relationnels pour garantir la bonne réalisation d'un site web, j'ai vu qu'il était toujours difficile de parler de ce que j'appellerais le "vivre ensemble". Un peu comme si tout le monde parlait d'un fichier css sans apercevoir qu'un préprocesseur l'a généré.
A la question de "penser vous changer le monde ?", il y eu beaucoup de scepticisme de la part de chacun puisque qu'aucun de nous n'avait obtenu de prix Nobel durant l'année en cours.
Or changer le monde ce n'est pas que le transformer de façon soudaine, c'est aussi en garantir les fondamentaux. Maintenir un environnement permettant de le transformer. Comme maintenir uniformité de son code qui permettra, un jour, d'y appliquer des règles permettant de rendre un site accessible.
À tous les stades de la technique, le travail représente une collaboration d'innombrables ouvriers, utilisant eux-mêmes un héritage technologique large et ramifié. L'inventeur le plus ingénieux, le savant isolé le plus brillant, le dessinateur le plus habile ne contribuent qu'en partie au résultat final.
Lewis Mumford, Technique et Civilisation, 1936
La religion
Ainsi, si on retrouve beaucoup de bonne volonté chez chacun, le besoin de partager, de transmettre ; on ne sent pas pour autant le besoin inassouvi de placer le fonctionnement de groupes en avant ; ce que nomme Bernard Stiegler l'individuation collective.
On le remarque de manière générale et à tous les niveaux, il n'y a plus de transcendance au sein de la société. La transcendance c'est un peu comme cet ennemi commun qui unit les gens. Et dans un contexte d'absence de guerre, de famine et de suppression des frontières, nous trouvons difficilement des raisons de nous allier. Dans le cadre de vies discrétisées et propre à chacun, on cherche midi à sa porte et à changer le monde à son niveau personnel.
La capitalisme n'est pas nouveau, sa vision naturaliste s'est accompagnée de la mise en place d'une division du travail (stricte) couplée à une vision analytique de la résolution de problèmes.
Fin du pétrole, réchauffement climatique sont autant de raisons de trouver des façons de travailler de manière collective et de savoir recréer du vivre ensemble.
Mais cela ne sera pas facile car vous, comme moi, sommes formatés par notre éducation pour reproduire une structure sociale déterminée dans laquelle c'est du chacun pour soi.
Le sexe
Combien de femmes encore à cette édition. Bien loin de moi que de penser à mettre en place des quotas ou des principes de parité. Mais quelle fut la place des femmes chez les orateurs ou les auditeurs ?
Il est dommage de laisser ses avis précieux en si grande minorité.
De plus, on observe un faible renouvellement du public (ou alors le cerveaux est sélectif et je ne retiens que les têtes que je connais). Moi, personnellement, je trouve cela plutôt agréable de retrouver des gens sympas mais pour l'événement cela pose des questions. Quid de la moyenne d'âge ?
Il serait bon de consulter les tableaux de bord (monitoring de conférence) des participants de Sudweb pour estimer les évolutions en cours. C'est la transmission de tous nos savoirs qui est en jeu.
Ne va-t-on pas vers une mise en place d'avis consensuels à la manière d'un conclave de vieux cardinaux ?
Il faudrait penser à ré-autoriser le mariage avec des activités ou des métiers différents, que ce soit à Sudweb ou ailleurs, pour permettre les ouvertures ou se filer des 06 pour des after un peu plus folles.
Mon histoire
Pour Sudweb j'avais proposé un sujet sur la transcendance, un sujet complètement fou essayant de faire un parallèle entre l'ordre des bénédictins qui ont aménagés le territoire européen au XIIème siècle par la transmission de livres et notre époque actuelle.
Je pense sincèrement que Sudweb change le monde car elle ré-organise de l'information.
En allant à Sudweb chacun change aussi le monde. Mais de quelle manière ? C'était peut-être ce à quoi les organisateurs voulaient qu'on discute lors des élaboratoires.
Pour formater-reformater nos esprits, il va sûrement falloir poursuivre, soutenir la démarche, lancer des "trucs"… ensemble peut-être.
Ainsi, merci aux acteurs de Sudweb et aux organisateurs pour tracer un sillon de leur côté, mais il me semble que la route peut-être encore longue.