Piège en haute mer

A propos des cours en IUT, j'ai souvent de grandes conversations avec mon collègue Steve Beau qui lui aussi est intervenant. Je lui expliquais les limites d'exigences technique sur les élèves par rapport à mon manque d'emprise sur l'ensemble de la formation.

L'exigence

La formation de jeunes apprentis demande une certaine capacité à pouvoir faire se concentrer des élèves à la réalisation de tâches immédiates, répétitives ou fastidieuses et en même temps à les projeter dans des conditions probables de production in the "real life".

La question étant de jongler entre le besoin de leur faire maîtriser correctement certains concepts et leur capacité à s'intégrer à une équipe. Le but étant qu'ils sachent estimer où peu se situer un blocage dans le processus afin de demander de l'aide à la bonne personne.

Avec Steve, on parlait des préprocesseurs en me signifiant que ses élèves ne voyaient pas leur utilité puisque, pour l'exercice, il fallait écrire plus de mixins que ce qui était nécessaire en CSS classique ; il y avait plus de code dans les fonctions que dans le code qui était généré.

Steve de soutenir qu'il importait de leur expliquer que dans un cas de production, cela s'avérait bien utile car le code pouvait être très complexe. Mais à moi de lui répondre que le cas de production n'étant pas précédement vécu (l'expérience), ce discours restait difficile à appréhender pour la majorité des élèves.

Vents et marées

Steve n'a pas tord de soutenir qu'il faut les préparer à la complexité de leur furtur métier en leur expliquant les cas pratiques. Cependant, cette conversation m'a amené à développer l'idée que la classe était un peu comme de l'entraînement en piscine.

Dans un cours, les exercices sont préparés, le déroulement normé afin de permettre de garder un niveau homogène entre des élèves différents qu'il faut évaluer selon une grille de manière régulière. En gros, on a pas le droit d'en perdre et de les laisser se noyer. Pour plus de sûreté et étant donnée le niveau de l'éducation nationale dans le domaine du numérique (en IUT en tout cas), on va rester sur de bonnes bases en natation mais peu de connaissances du grand large.

En effet, la formation est basée sur l'organisation de modules tel que le PHP, le CSS, le HTML, Photoshop, les CMS,… Ce qui peut être assez intéressant pour dissocier/faire comprendre les différents métiers et domaines mais qui est totalement contreproductif pour apprendre le web qui consiste à la réalisation complexe de tâches.

Ceci a pour effet qu'il est assez difficile d'approfondir un cas pratique (la gestion d'une grille dans tel CMS, utiliser github pour héberger un site statique), car cela mord sur le programme des autres cours (CSS, HTML ou Administration). Ainsi, on reste sybillin sur le grand large en restant sur l'exercice de sa discipline (faites moi dix longeurs).

Il existe quand même ce qu'on appelle des projets tutorés (cas réel de réalisation d'un site), ou des cas d'élèves en alternance, cependant la différence qualité de ces personnes ne va pas régler le problème d'homogénéité.

Conclusion

Le cursus en IUT n'est pas si mal pensé, mais je pense qu'il tient sur la capacité des entreprises ou professeurs à bien former nos futurs collaborateurs, c'est-à-dire avoir du temps. Sauf que d'un côté nous avons des professeurs qui ne connaissent peut-être pas suffisamment les processus de production et de l'autre côté des tuteurs qui n'ont pas beaucoup de temps pour former leurs stagiaires (et au milieu des vacataires).

Qu'on garde cette mise en place pour les 2 premières années de cursus d'IUT pour apprendre à maîtriser correctement le code, très bien. Mais on devrait peut-être faire évoluer le programme de licence pour être plus adapté à des élèves en bac+3. Ils n'ont plus vraiment l'âge d'être notés individuellement, ni de devoir faire leur gamme sur des exercices d'école. Mon avis est qu'il faut les pousser vers le monde professionel à travers l'apprentissage de méthodes de conception et de travail collaboratif.

En gros développer le mode de travail sous forme d'ateliers.