Digitalisation et consommation d'énergie. Les TIC réduisent-elles la demande d’énergie ?
Voici la traduction rapide d'une étude concernant la consommation énergétique et la numérisation de services.
Contenu de l’étude
Les effets
Cet article étudie l’effet de la numérisation sur la consommation d’énergie. À l’aide d’un modèle analytique, nous étudions quatre effets:
- Les effets directs de la production, de l’utilisation et de l’élimination des technologies de l’information et de la communication (TIC),
- L’augmentation de l’efficacité énergétique grâce à la numérisation,
- La croissance économique en plis dans productivités du travail et de l’énergie et
- Le changement / tertiarisation sectoriel de la hausse des TIC services.
Résultats
L’analyse combine les résultats empiriques et théoriques des débats sur le découplage de la consommation d’énergie de la croissance économique et des débats sur les TIC vertes et les TIC pour la durabilité. Nos principaux résultats:
- Les effets 1 et 3 ont tendance à augmenter la consommation d’énergie.
- Les effets 2 et 4 ont tendance à le diminuer. De plus, notre analyse suggère que les deux effets croissants prévalent de sorte que, globalement, la numérisation augmente la consommation d’énergie.
Analyses
Les espoirs de la numérisation réduisant la consommation d’énergie ne sont pas encore justifiés. Au lieu d’économiser de l’énergie, la numérisation a entraîné une consommation d’énergie supplémentaire ; les effets sur l’augmentation de l’énergie (effets directs et croissance économique) de la numérisation ont été plus importants que les effets de réduction d’énergie (augmentation de l’efficacité énergétique et changement sectoriel).
Cette consommation d’énergie croissante est susceptible de persister car les effets de réduction d’énergie ont tendance à déclencher des mécanismes menant aux effets d’augmentation d’énergie.
=> On n’observe que peu de réduction de la consommation énergétique grâce à la numérisation
Cependant, l’espoir que la numérisation pourrait sauver l’environnement repose en grande partie sur des développements futurs potentiels, dont beaucoup favorisent exactement les deux effets de réduction d’énergie que nous avons indiqués dans cette analyse - l’efficacité énergétique et la tertiarisation.
Si ces potentiels doivent réduire la consommation d’énergie, il faut éviter les effets de la décentralisation sur l’augmentation de l’énergie - surtout les effets directs croissants et les divers mécanismes conduisant à la croissance économique. Une question centrale pour les recherches futures est donc d’étudier comment la numérisation peut être orientée dans une direction plus durable.
=> Pour que la numérisation réduise la consommation énergétique globale, il faudrait étudier/inventer les méthodes qui permettent une numérisation durable.
Conclusion
Ces résultats peuvent être expliqués par quatre points de vue de l’économie écologique:
- (a) le capital physique et l’énergie sont des compléments dans le secteur des TIC,
- (b) les augmentations de l’efficacité énergétique entraînent des effets de rebond,
- (c) les TIC ne peuvent résoudre la difficulté de découpler la croissance économique d’exergie,
- (d) les services TIC sont relativement énergivores et viennent en plus de la production antérieure.
À l’avenir, la numérisation ne peut stimuler la durabilité que lorsqu’elle favorise les effets 2 et 4 sans les effets de promotion 1 et 3.
Ce que j’en ai compris
La numérisation est sensée participer à la diminution la consommation énergétique globale.
L’idée principale est de remplacer un service physique par un service numérisé (moins énergivore). L’étude observe que la numérisation ne diminue pas la consommation énergétique. Pourquoi ?
- La réalisation/refonte d’un service numérisé consomme autant, voire plus à chaque fois (voire beaucoup plus - effet rebond).
- Le service numérisé ne remplace pas le service physique préexistant (la transformation n’est jamais complète et généralisée) donc il n’y a pas de gain énergétique de ce côté là (on superpose la numérique et le physique).
Au final, la numérisation augmente l’empreinte énergétique. On numérise mais mal.
Les questions que ça pose
La révolution numérique
Si le numérique est une révolution, il est probable qu’elle soit entamée mais absolument pas aboutie.
Bernard Stiegler parlait du passage d’une société de consommation à une économie de la contribution, qui aurait pour pilier la révolution numérique.
Construire une société numérique demanderait une transformation totale du système : réseaux, systèmes, distribution, politique, citoyenneté…
La transition ne pouvant être aboutie que par le remplacement d’une génération par une autre. C’est-à-dire une génération formée, aguérrie, autonome, équipées sur ces sujets (savoir très bien lire, s’informer et discuter/collaborer avec les outils numériques).
Mon avis
Pour le moment, on numérise mais pas de la meilleure façon. On investit dans la numérisation mais sans s’en donner les moyens, sans savoir pour qui et pour quoi.
On procède à une modernisation, sorte de continuum de la reconstruction après guerre, dans laquelle on intensifie les réseaux et on augmente la vitesse de circulation des données. Le résultat qu’on observe est : peu de gain de bien-être pour l’usager et plus d’externalités négatives (pollution).
On ne se pose pas (en équipe) les questions sur la viabilité et l’utilité d’un service numérisé dans le temps. Rendre cette question centrale pour une organisation est le seul moyen de construire ces méthodes qui permettraient une numérisation durable.
Et je pense que l’approche Low-Tech est justement un moyen de privilégier le bien-être et de numériser si besoin de la manière la plus durable.
Lire Digitalization and energy consumption. Does ICT reduce energy demand?.