Sobriété numérique - l'auto-entretien

Auto-entretien, auto-entretenir, je croyais que c’était un mot de la langue courante du français. Si je recherche sur google, je ne trouve que des liens vers des garages automobiles : l’entretien de l’auto.

S’entretenir soi-même, effectuer sa propre maintenance.

Si on évoque l’auto-entretien à nos congénères, il ne sera pas forcément perçu de la même manière par tout le monde.

L’auto-entretien technique

Appliqué au numérique, on imagine très bien mettre en place un système technique suffisamment bien conçu pour que la maintenance se fasse toute seule. Des boîtes mail qui auto-effacent les mails, des algorithmes qui auto-gèrent vos rendez-vous chez le médecins…

C’est un peu la promesse de notre société. Laissez nous mettre en place les réseaux et les logiciels qui n’existent pas encore pour régler ce qu’on ne peut pas encore régler avec ce qui existe déjà.

Mais si on a une vision objet technique, on peut être orienté Low-Tech et néanmoins quand même essayer d’atteindre cette état d’auto-fonctionnement. C’est un peu la manière de penser générale.

La société technicienne pense la maîtrise des outils.

La pensée économique

Vous le savez certainement déjà, mais les économistes classiques (la pensée dominante actuelle) s’est arrangée pour rendre l’économie uniquement tournées vers la production (quand elle concernait précédemment la gestion des biens mais aussi des personnes).

Elle est passée d’une science sociale à une science mathématique. C’est ainsi qu’on a commencé à modéliser les relations humaines avec des formules. Formules toujours incomplètes qui ont toujours dirigées le monde vers des limites et donc des crises (de plus en plus graves).

Pour sauver ce mode de pensée quoi de mieux que l’Intelligence Artificielle. Nouveau Saint-Graal de la modélisation parfaite de nos vies.

L’auto-entretien systémique

Quand on parle donc de crise systémique, on ne parle pas du système technique mais bien du système économique. On a donc un seul mot pour désigner 2 choses pas tout à fait identiques mais qui s’entrecoupent pas mal.

La société technicienne voit le système économique comme un système technique ; mais le système économique n’est pas technique puisqu’il y a des gens dedans avec des vies, de l’imprévisible, du ressenti…

Et s’il y a un bien un domaine dans lequel l’Homo-Sapiens excelle c’est l’auto-entretien de son système social. Le cerveau mimétique et nos modes de relation en groupe sont les moteurs d’un conformisme qui nous amène à participer et entretenir un état de fait, sous peine de se voir exclu.

Cette qualité que nous avons est particulièrement bénéfique pour notre survie, mais particulièrement néfaste si elle est détournée au profit d’une société de consommation.

À chaque fois que nous essayons de corriger la société avec des systèmes techniques, c’est ce système économique et sociale qui nous entretenons.

Et c’est justement là bien le problème.

Conclusion

Le modèle dominant nous fait des promesses. Il nous fait notamment une promesse. Celle que si on se serre tous les coudes et qu’on continue à maintenir le système en place, il y a certainement une voie ténue, certes, mais une voie quand même (le fameux chemin de crête) qui nous permettrait d’atteindre cette société parfaite qui s’auto-entretiendrait.

Dans la grande majorité, surtout pour ceux qui participent au système, quelque soit notre engagement nous sommes tous plus ou moins dans la recherche de cette recherche du système technique qui s’auto-entretiendrait.

Mais dans tous ça, la seule chose que nous entretenons c’est le système destructeur et irresponsable qui nous a mis dans la situation qui pourrait rendre les 3/4 de la terre inhabitable.

Alors une société vertueuse, neutre en carbone, sans déchet,… oui, on en veut. Mais elle ne peut pas advenir si on continue de penser que la technique va nous sauver. Car la croyance dans ces systèmes techniques ne fait qu’auto-entretenir un modèle de domination et à aucun moment (entretenir) le système général et les vies qu’il y a dedans.

C’est pour ça que la sobriété numérique, ce n’est pas optimiser des images, mettre en thème sombre sur son site et remplacer son matériel tous les 4 ans. C’est une réflexion plus en profondeur et long terme.