La raison perdue
La raison
La raison est généralement considérée comme une faculté propre de l’esprit humain dont la mise en œuvre lui permet de créer des critères de vérité et d’erreur et d’atteindre ses objectifs.
La rationalité a été un moyen de sortir d’une société de croyances basées en partie sur des préjugés. Cette manière de voir le monde consiste en une analyse scientifique de la nature puis sur des expériences de domination de la nature. L’homme trouvant la nature trop incertaine.
Nos démocraties modernes sont fondées sur la raison. Ainsi elles font appel à une catégorie de personnes particulière appelée les hommes de science (remplaçant les druides, chamanes, religieux…). Les hommes de science ayant été considérés pendant le début des démocraties comme le summum de l’élévation intellectuelle.
Nos gouvernements se sont structurés sur institutions composées : de politiques, de structures de contre pouvoirs, mais aussi d’instituts scientifiques dont la mission est de faire des analyses de terrain sur des domaines précis pour établir la vérité.
Si on voulait illustrer par un schéma de manière simpliste, on pourrait le faire de cette manière.
Que ce soit dans le public ou le privé, il existe des corps intermédiaires avec un niveau d’étude élevé qui a pour charge : premièrement d’étudier les systèmes pour en proposer des analyses et deuxièmement de former dans les universités les étudiants pour comprendre et être actifs pour la démocratie.
Selon ce schéma, le corps universitaire possède un très grand rôle régulateur de la société car il doit aussi bien pour les élites que pour le « peuple » réduire les décisions « émotives » en apportant des analyses du terrain. Il doit apporter raison par la science.
Libéralisme Vs préservation des écosystèmes
C‘est dans les années 1960/70 que ce sont structurés les premiers mouvements écologistes suffisamment puissants pour faire pression sur des grandes entreprises et/ou États. Leur engagement aura pour conséquence la promulgation de lois régulatrices (TRÈS) contraignantes et fort coûteuses en profits financiers.
Face à ces nouvelles obligations, les dirigeants d’entreprises ont développé différentes techniques pour combattre ces associations (ces techniques étaient enseignées par d’anciens militaires). Mais ils ont aussi compris une autre chose fondamentale.
Que si les nouveaux employés fraîchement sortis d’étude, participant à des manifestations, étaient si virulents et peu enthousiastes pour travailler à « faire de l’argent », c’était parce qu’ils fréquentaient des établissement dans lesquels des enseignants leur apprenaient à réfléchir sur ces sujets. Et qu’en plus de ça ils n’avaient pas besoin de gros salaires ou directement de travailler pour (sur)vivre (avec le welfare state).
C’est ainsi qu’en 1980, les multi-nationales avaient réussi à mettre Ronald Reagan à la tête du pays le plus puissant du monde pour supprimer toutes les mesures progressistes sur le sujet écologique de l’époque (Le grand bond en arrière écologique). Mais aussi commencé à noyauter une partie des universités américaines avec des enseignants acquis à la cause libérale. En ajoutant l’obligation de prêts étudiants pour aller à la fin d’un cursus honorable.
La post-vérité
Le terme post-vérité décrit une situation dans laquelle il est donné plus d’importance aux émotions et aux opinions qu’à la réalité des faits.
La dévalorisation du corps universitaire n’est absolument pas un phénomène nouveau. Ce phénomène aura pris du temps, il n’est pas encore terminé, il a déjà bien entamé la place de la raison.
Ainsi sur le climat, nous voyons passer quotidiennement des études catastrophiques sur l’état de notre planète et pourtant à chaque fois, les parlements ont l’air d’enterrer ne serait-ce que la moindre petite loi qui contraindrait des organisations à se transformer pour remplir nos engagements à l’accord de Paris.
Un peu comme sur le monde « universitaire » faisait des rapports, participait à des interviews sur de grandes radios, éditait des livres… pour se parler à lui même ; comme s’il tournait en boucle ; comme s’il n’était audible qu’aux seuls… universitaires.
A vrai dire, j’émets cette réflexion que peut-être le corps universitaire (de la raison) n‘est plus utile aux « élites » pour maintenir le peuple aux « ordres » et se faire réélire.
Il suffit de voir le fonctionnement d’une entreprise comme Amazon pour admettre de quelle manière il est envisagé de considérer les travailleurs. La robotisation, les profits décuplés dans les situations de crises tendent à penser que l’asservissement fonctionne bien mieux que la prise en considération des personnes qui travaillent avec leur mains (et leur cerveau).
La loi sécurité globale, McFly et Carlito seraient 2 faces d’une même médaille. Dans laquelle, on peut faire redescendre l’image d’élites sympas et dévouées au service du peuple (enfin que juste avant les élections) et, en même temps faire remonter des informations de ce même peuple sans avoir à les rencontrer directement ou les fréquenter grâce à des caméras, de l’intelligence artificielle et une police qui aime les interventions armées.
Alors pourquoi pas. Peut-être est-ce l’évolution logique de notre société industrielle.
Personnellement, j’ai du mal avec l’exploitation des individus, j’ai tendance à penser que plus on exploite des gens plus mon environnement direct est détérioré (je suis un peu individualiste, faut pas croire).
Mais a priori, tout cela devrait aller vers une situation explosive dans la mesure où l’usage accepté par un grand ensemble de nos élites (droite, gauche, etc) des algorithmes et de l’intelligence artificielle tend petit à petit vers l’invisibilisation des personnes (à l’image de pôle emploi).
Cette invisibilisation est mauvaise pour tout le monde.
- Pour les élites ce sont des statistiques qui ne nourrissent plus les IA (qui auront des résultats sur des situations tronqués) ;
- Pour l’éducation de nos enfants car l’éducation dans les jeunes années se base principalement sur ce qui est visible (métiers, institutions, relations familliales…) ;
- Pour le monde universitaire qui serait une voix de dévalorisation/déclassement des personnes sélectionnées par le système éducatif comme les plus intelligentes d’entre nous.
Sachant que la société technicienne ne perdure que par une intensification constante des interactions, et donc du phénomène de contrôle ; le dénouement n’aura lieu qu’au moment de l’épuisement des ressources.