Accessibilité numérique, objectif numéro 1 pour la transition écologique
Je me suis rendu à un colloque sur « Enseigner la transition écologique ». Enseigner la transition écologique pour qui ? Pour les étudiants ingénieurs, les entreprises, les administrations…
Enseigner à l‘ingénieur
Vous n’êtes peut-être pas sans savoir que l’association du Shift Project travaille sur plusieurs types de rapports pour viser la décarbonation de la France.
Elle travaille depuis plusieurs années sur une méthodologie pour former tous les étudiants et étudiantes aux enjeux socio-écologiques, bien que de manière différenciée, dans toutes les disciplines. C’est un énorme investissement qui est plutôt bien fait.
La formation à l’INSA de Toulouse
Claude Maranges (directeur des études, à l’INSA de Toulouse), nous a présenté tout ce qui avait été mis en place en interne pour modifier les programmes d’enseignement.
Je trouve ça vraiment très bien, mais je pourrai, à mon habitude, émettre certaines critiques, ou questions. Comme : à quel dessein sont données les formations (pour avoir un avis critique sur la préservation de l’environnement) si le modèle économique global reste le même ? Mais ce n’est pas le sujet.
Ce que je vois c’est que l’objectif est d’inscrire les élèves dans un contexte qui leur permette de prendre en compte le paramètre environnemental.
Sauf que, à aucun moment, on ne parle d’accessibilité, ni d’accessibilité numérique.
L’accès aux connaissances
Si vous lisez ce blog, ou vous intéressez à l’accessibilité numérique, vous êtes au courant que des études montrent (INSEE) que près de 30% de nos concitoyens sont démunis face aux interfaces numériques.
Quel est ce chiffre de personnes discriminées par les interfaces numériques dans une école comme L’INSA ? Moins de 30% ? Plus de 30 % ? Je n’ai pas de chiffres. Toujours est-il que de la bouche du responsable du numérique à l’INSA de Lyon, l’accès aux services numériques par les élèves est un réel souci en interne à l’école.
On peut donc considérer qu’en ordre de grandeur le nombre d’élèves qui ont des difficultés à avoir une relation sereine avec leur université et l’accès au cours est le même que dans la population globale.
Prenons, pour l’exemple, un chiffre au doigt mouillé de 20%.
Pourquoi l’accessibilité est un objectif numéro 1 pour la transition écologique ?
Imaginons que nous aillons un besoin urgent de modifier l’ensemble des programmes scolaires des grandes écoles dans notre pays.
À mettre en place, c’est déjà pas simple. Mais s’il faut en plus former les enseignants, s’assurer de ce qui est transmis, valoriser les plus compétents, accompagner les étudiants pour trouver des débouchés dans un système qui favorise les Start-Up… vous allez observer en bout de chaîne (de ce système) un taux de réussite plus ou moins haut (ou d’échec) qui va être pénalisant pour la transition.
Maintenant, si on garde ce système « enseignement de la transition écologique » et qu’on multiplie ce taux de réussite de prise en compte des éco-systèmes dans le travail de nos ingénieurs et que vous le « multipliez » par le chiffre de 20% (qu’on a calculé précédemment).
Ça vous pénalise tout l’investissement qui aura été fait de manière global.
Libre à vous d’augmenter le périmètre, vous pouvez faire le même calcul sur la réussite de formation des enseignants (qui auraient des difficultés avec le numérique), considérer non pas que les écoles d’ingénieurs mais toutes les écoles supérieures, etc.
Si on considère la formation, même réalisée en présentielle, est toujours accompagnée d’un volet numérique (pour de la formation continue. ex : MOOC). Vous devez donc appliquer à chaque étape de tout votre système de formation, un possible taux réducteur de 20 à 30%.
Un taux qui est déterminé par la prise en compte de l’accessibilité numérique (mais pas que) pour la conception des interfaces numériques.
À tous ceux qui pensent que l’accessibilité est un sous problème, j’espère que cette rapide réflexion les fera voir les choses autrement.
Pour ceux qui sont peut-être déjà convaincu, l’enjeu de l’accessibilité numérique (ou culture du web) dans l’enseignement de la transition écologique, c’est que si les interfaces numériques discriminent une partie de la population pour accéder et acquérir ce savoir ; alors notre pays est en train de se priver de personnes probablement très compétentes mais qui vont avoir un parcours parsemé d’obstacles à leur réussite.
Note : Pour aller plus loin, on devrait décomposer le taux (de 30 %) de difficultés d’accès au numérique. En effet, ce taux dépend aussi de la maîtrise (au préalable) du numérique par les usagers. Sauf que si on devait former les personnes à la maîtrise du numérique, il est probable qu’il faille enseigner l’accessibilité numérique ou que les formations soit données par des personnes qui connaissent l’accessibilité numérique. Donc, ça ne change rien au problème, l’accessibilité numérique reste le socle pour optimiser l’acquisition du savoir. C’est un sujet majeur.