Mossoul, Kirkouk, c'est le même… destin!
La tension entre l'armée turque et les rebelles kurdes s'est intensifiée ces dernières semaines. Les incursions des membres du PKK ont mis tout le pays sur le pied guerre ; le gouvernement faisant voter, par le parlement d'Ankara, l'autorisation d'intervenir par la force dans cette région afin de détruire les repères de la guerilla.
Bien plus q'une revendication d'indépendance, ce conflit se place dans la continuité de l'histoire mouvementée des relations qu'entretiennent les différentes ethnies qui peuplent ces montagnes.
Plaçons nous d'un point de vue géographique et faisons débuter cette histoire en 835 après Jésus Christ, l'année de l'installation des turcomans dans la région de Kirkouk. Les turcomans étant un peuple provenant de la région de Boukhara en Asie-centrale ; ces cavaliers avaient été appelés par plusieurs califes successifs pour combattre dans leurs armées. De 825 à nos jours, les cousins des turques ont toujours habités cette région.
Opérons un bond dans le temps et analysons la situation en 1916, juste avant la chute de l'empire ottoman, peu avant l'indépendance arabe, au moment des accords secrets Sykes-Picot entre la France et l'empire britannique censés partager ces bouts de territoires.
De façon simplifiée, au Sud les arabes, au Nord les kurdes, à l'Ouest les perses et à l'Est les turques ; au milieu les turcomans, au milieu Kirkouk et Mossoul, au milieu des voies de communication importantes, au milieu du pétrole.
Depuis lors, une bataille sans relâche des différents protagonistes pour s'emparer de ce territoire. En 2003, lors de l'invasion de l'Irak par les Etats-unis, ce sont les kurdes qui ont le plus profité de la situation. En effet, fort du soutien des américains après leur aide dans la lutte contre l'armée irakienne, ils ne se sont pas génés pour faire comme si les turcomans n'avaient jamais existé en falsifiant les états civiles ou en éliminant les personnages influents.
Le 18 juin 2007, Gilles Munier interrogeait Hassan Aydinli. Le président du Comité de Défense des Droits des Turkmènes Irakiens expliquait que le pétrole du sous sol de la Turkmeneli était une condition indispensable à la viabilité d'un état kurde indépendant. C'est-à-dire que sans pétrole, le Kurdistan ne verra jamais le jour. A l'inverse si les kurdes prennent possession de la région alors ils pourront se doter d'un état auquel il faudra définir des frontières.
Pour les turques, les kurdes ne doivent sous aucune condition pouvoir créer un état indépendant, ils pourraient revendiquer une partie des montagnes anatoliennes. Comparons ces deux cartes, l'une représentant le peuplement kurde actuel et l'autre le contrôle de l'eau et du tigre et de l'euphrate et comprenons que, mieux que le pétrole, ces montagnes regorgent de ce liquide si précieux qu'on appelle l'eau.
Il serait idiot de se priver d'un moyen de rafraîchir ses habitants en été et de les chauffer en hiver.