La crise financière comme crise de l'informatisation
Dans un précédent billet nous avions évoqué la défiscalisation informatique.
Les entreprises ne peuvent plus se contenter de leur fardeau informatique, elles doivent s’en délester et construire sur du neuf et des bases saines permettant une meilleure gestion des risques et un meilleur alignement avec les réglementations.
Aujourd'hui, je voudrais mettre en avant la pensée de Michel Volle à propos de l'informatisation et la crise.
On dit que la crise économique actuelle est une crise « financière ». Certes elle s’est amorcée dans le secteur financier. Mais en la qualifiant ainsi, ne rate-t-on pas une cause qui, plus profonde, est moins visible ?
L’économie des pays riches est passée, autour de 1975, d’un système technique fondé sur la synergie entre la mécanique et la chimie à un autre, fondé sur la synergie entre la microélectronique et le logiciel.
Or la science économique a été créée au XVIIIe siècle pour rendre compte de l’industrialisation. L’informatisation la déconcerte : en transformant les conditions matérielles de la production, elle adresse un défi à l’intellect.
L’automate (informationnel) doit être contrôlé par des êtres humains qui sauront pallier ses défaillances et réagir en cas d’incident imprévisible.
FrédéricLN reprend ces mêmes propos pour expliquer les origines de la crise dans La crise financière comme crise de l'informatisation.
Mais on a pratiquement toujours procédé à l’inverse. Dans l’architecture informatique d’une grande entreprise l’accumulation des composants techniques, élaborés par des fournisseurs différents et le plus souvent mal documentés, forme un empilage d’une telle complexité que plus personne ne peut la maîtriser ni moins encore la comprendre.
Pour Michel Volle, les raisons de cette situation s'explique de cette façon :
La profession des économistes a naturellement un réflexe défensif. Elle ne veut voir dans l’informatique qu’une technique parmi d’autres, dans l’ordinateur qu’une machine de plus : ainsi il n’y aurait rien de neuf sous le soleil. Elle est confortée dans cet aveuglement par les sophismes des gourous médiatiques, et aussi – il faut le dire – par l’adhésion de certains informaticiens à une conception étroitement technique de leur discipline.
Définitivement, il est nécessaire d'investir dans le secteur informatique. L'objectif n'est pas de "moderniser" toujours plus les organisations mais d'opérer une révolution culturelle afin de repenser l'industrie.
C'est pour cette raison qu'il est nécessaire de s'intéresser de près à un sujet comme l'accessibilité (Référentiel Général d'Accessibilité pour les Administrations). L'accessibilité place, en effet, l'insertion sociale et l'accès à l'emploi au centre de sa démarche.
L'accessibilité rentre parfaitement dans le cadre des thèses d'un Jeremy Rifkin sur la La fin du travail. Je vous invite à lire (encore et toujours) Christian Fauré et Bernard Stiegler qui développent de manière très concrète ces sujets : Du gouvernement des inégalités à la nécessité d’une nouvelle économie politique.