Bernard Stiegler et l'éducation aux médias sur Mediadoc

Numéro dense de Mediadoc, comprenant de nombreuses contributions théoriques, à commencer par l'entretien avec le philosophe Bernard Stiegler,. entretien mené par Ivana Ballarini-Santonocito et Alexandre Serres, le 6 mars 2009.  La revue Mediadoc n'est pas en ligne, mais on peut trouver la version complète de l'entretien sur le site de la Fadben.

Bernard Stiegler est l'un des rares philosophes à poser la question des médias, anciens et nouveaux, et de l'éducation aux médias, dans toute son ampleur, philosophique et politique ; question de la technique, rôle des supports de la mémoire (les hypomnemata), processus de grammatisation, nécessité d'une formation des enseignants à l'histoire et à la pensée des supports et des technologies de l'intelligence… : toutes ces notions, familières aux lecteurs de Stiegler, sont abordées et développées au cours de cet entretien passionnant.

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Un petit extrait de cet entretien :

Il faut dès aujourd’hui inventer des formations pour les élèves et les professeurs en formation, et poser en principe qu’on ne peut pas étudier correctement la physique si on ne connaît pas l’histoire du téléscope. Comment comprendre les grandes questions de la science contemporaine, si on ne connaît pas le rôle que l’instrument joue en mécanique quantique ou encore la place de l’informatique dans le devenir biotechnologique de la biologie ? Or, le public n’y est absolument pas formé, ni les élèves, ni même les professeurs. Il faudrait théoriser ces questions dans toutes les disciplines, et concevoir des enseignements spécifiques, avec des épreuves spécifiques, aussi bien pour l’agrégation que pour les formations universitaires de base, et refonder l’ensemble de la conception de l’enseignement.

Hubert Guillaud explique pourquoi n’avons-nous pas un cerveau vert ? sur internetActu ; il soulève de même le problème de la formation universitaire.

Jon Gertner souligne encore que l’essentiel du financement américain pour la recherche sur le climat va à la physique et aux sciences naturelles et très peu aux sciences sociales, donc très peu pour comprendre pourquoi l’on est écolo ou pas, pourquoi l’on change son comportement ou pas…

Reste à savoir si nous voulons utiliser les outils de la science de la décision pour essayer d’orienter les choix des gens… Pour Elke Weber, la piste à suivre est certainement là : il faut construire de nouvelles méthodes pour faire que nos préférences correspondent aux meilleurs choix à long terme.

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