Des penseurs pour l'abolition des privilèges

Le réel plaisir à vivre une période de crise, c'est que les théories alternatives proposées par certains penseurs passent de l'état de la folie douce à celui de base d'un nouvel avenir.

Dans un univers dans lequel, on vous dit, "c'est comme ça et c'est pas autrement, la preuve en chiffre" ; vos idées semblent loufoques. Dans un autre, où le courant dominant se fait tailler des croupières face à la débacle du système ; d'un coup, les oreilles se font plus attentives.

Ainsi, je vous relaye trois idées actuelles de Thierry Crouzet, Frédéric Lordon et Paul Jorion.

Thierry Crouzet place les abstentionistes en tant que première force politique française aux dernières élections régionales : Civisme 2.0 : ne pas voter.

Ne pas voter me paraît aujourd’hui la seule manière de militer pour une autre forme de politique. Ne pas voter n’est pas un désengagement, mais un refus des choix restreints qui nous sont offerts. Il faut ajouter au 18 % de ceux qui choisissent la troisième voix peut-être 30 ou 40 % de Français supplémentaires, ceux qui ne votent pas par dégout. La troisième voie est majoritaire en France et elle n’a aucun moyen de s’exprimer, sinon un jour, peut-être, par une insurrection généralisée.

La représentation absolutiste de nos démocraties n’est plus une forme qui convient à l’homme émancipé du XXIe siècle. Nous devons basculer vers une démocratie distribuée, une démocratie P2P, une démocratie de la responsabilité individuelle.

Basculer vers une démocratie distribuée, renverser le système de pouvoir actuel qui ne répond plus aux attentes des citoyens. Frédéric Lordon avance que les bourses ne servent plus les entreprises, il faudrait tout simplement les fermer : Il faut fermer la Bourse.

la Bourse est une aberration : les entreprises vont moins s’approvisionner en capital à la Bourse qu’elles n’y vont s’en faire dépouiller, puisque ce que les actionnaires leur extorquent (en dividendes et en rachat d’actions) finit par l’emporter sur ce qu’ils leur apportent, de sorte que ce n’est plus la Bourse qui finance les entreprises mais les entreprises qui financent la Bourse !

La finance est un pôle d’attraction qui a profondément distordu l’allocation du capital humain dans la division du travail en captant des esprits qui seraient infiniment mieux employés ailleurs.

Les entreprises se faisant piller en bourse, on gagnerait à valoriser nos richesses, plutôt que de continuer la compétition vers le profit maximal. Le salut viendrait d'une politique sur le long terme. Comment convaincre les responsables ?

Paul Jorion se propose de continuer à argumenter pour une révision de notre système économique et politique. Son but est de rallier les élites à ses idées pour les faire renoncer à leurs privilèges désués : Le duc d’Aiguillon, le vicomte de Noailles, le vicomte de Beauharnais et le duc du Châtelet.

Qu’est-ce qu’il me reste à faire ? Je ne changerai pas de méthode bien entendu : il s’agira pour moi toujours de convaincre. Convaincre cette fois, ceux qui n’en sont pas convaincus, que ce n’est pas l’identité de l’ennemi qui compte mais la nature de l’objectif. Les guerres fondées sur l’ennemi se perdent ou, dans le meilleur des cas, leur issue se détermine au hasard, celles fondées sur le but sont plus certaines d’être gagnées.

Et rappelez-vous : la nuit du 4 août, ce sont des aristocrates qui se réunirent pour abolir les privilèges. Merci au duc d’Aiguillon, au vicomte de Noailles, au vicomte de Beauharnais, au duc du Châtelet et aux autres, de vous être laissés convaincre : nous vous sommes toujours redevables.

Ces pensées, qui il y a encore quelques mois auraient été rejetées purement et simplement, résonnent aux personnes à l'affût d'une porte de sortie à cette situation désatreuse. En tout les cas, même si elle ne sont pas applicable à la lettre, elles sont sources d'espoir.