Etre chef, c'est laisser faire
Le travail je commence à comprendre un peu comment ça marche. Les clients, les promesses, le pourvoir de dire oui (à tout), les cachoteries, les oublis (involontaires)… tout ça, tout ça. Et puis, je découvre ces idées venues du froid, ces iconoclastes ingénieux et ces dirigeants originaux.
Le cloisonnement, voilà un nos pire ennemi au travail, se retrouver seul face à son ordinateur le dos courbé par des objectifs de plus en plus ambitieux.
On se bat, on s'investit et un jour, quand on est bon, on réussit… à obtenir un nouveau poste aux compétences inconnues. On regarde le voisin de l'autre côté de l'écran, ce concurrent qu'il faut dépasser d'un courte tête pour garder son soutien mais qu'il faut ménager en cas d'erreur malencontreuse.
Quand on sait n'est pas à sa place, on contrôle, on gère. Quand on maîtrise son sujet, on manage, enfin on ménage, plutôt : Manager c’est aussi ménager….
Les nouvelles technologies, la société de l'information, la génération Y… ah oui, notre civilisation doit être organisée autrement, les jeunes veulent du nouveau. Est-ce si vrai où alors est-ce seulement l'échec de cette société de contrôle qui est constaté ; une envie de liberté espérée ?
Auguste Detoeuf, ingénieur, dirigeant d'Alsthom, étaient considéré comme un patron atypique parce qu'il allait à contre courant du système purement exécutif. Et, en plus, il s'en moquait :
"Songez que je n'ai jamais imposé quoique ce soit à qui que ce soit, que j'ai même mis parfois des mois et des années à persuader un subordonné d'avoir à exécuter ma pensée et que je n'ai jamais exigé avant qu'il fut persuadé."
De la même manière, Jean-Paul Bailly insiste sur le sens à donner à un projet : Performance postmoderne.
Jean-Paul Bailly ne croit pas du tout qu'il faut abreuver les collaborateurs "d'objectifs" et de "plans d'actions". Il considère que le rôle du patron est essentiellement celui de "donner du sens et un projet".
Et Jean Staune ajoute même qu'il préférerait un patron qui dirait :
Je n'ai pas de programme, je m'adapterai aux circonstances; mais voilà "ce que je ne ferai pas; je m'y engage"
Ne pas faire, ou laisser faire, mais donner des limites, une direction, un sens, tel serait le rôle d'un dirigeant, d'un "ancien". N'est-ce pas ce principe que nous avons détruit et que nous devons retrouver ?
Peut être est-ce la voie choisie par la Finlande après avoir été convertie par les théories du philosophe Esa Saarinen et son Systems intelligence.
Peu repris en France, le concept semble se concentrer sur la faculté de l'homme à résoudre les problèmes auxquels il est confronté et, ainsi, par itération à apprivoiser un domaine jusqu'à le maîtriser. En bref :
- Le monde est composé de relations complexes
- Un système peut être isolé ou identifié et par la même analysé
- L'environnement envoie une série d'informations que l'ont peut analyser de manière rationnelle
- Une interaction appropriée sur un système, même mineure, peut avoir de grandes répercussions
Une théorie qui s'approche des principes de fonctionnement de l'automatique et des systèmes asservis dans lesquels le retour de sortie permet une correction progressive du fonctionnement.
Cette approche "automatique" de l'homme, un peu plus évoluée que l'approche binaire du travail, devrait nous inciter à laisser d'avantage d'autonomie à des cellules identifiées, groupes, dans lequel un chef ne fait de que donner un sens, et c'est déjà beaucoup.