Modèles économiques : l’innovation sociale en ses limites
Lire des lignes de compte et se satisfaire des chiffres s'affichant dans la colonne de droite, voilà bien une activité dénuée de sens. Demander à des grecs de se serrer la ceinture pendant une centaine d'années pour ne pas faire tomber des banques allemandes et française, voilà bien un action paradoxale.
La crise est une période vraiment agréable car on trouve beaucoup de réponses à ses questions. Pourquoi ce système que nous subissons nous fait-il tant souffrir ? Peut être parce qu'on réduit la relation entrepreneuriale à une fonction uniquement économique.
La relation de client à prestataire n'est pas idiote mais ne fonctionne pas dans toutes les situations, notamment lorsqu'il s'agit de mettre en place de l'innovation sociale. Citons un article d'internetActu : Voyage dans l’innovation sociale espagnole (1/3) : Des modèles économiques à la question économique
La raison est peut-être à chercher dans le modèle économique même de l’intervention sociale. Comme nous le confiait Asier Perez, son agence a pris le projet tel qu’il était spécifié par le cahier des charges. « On a toujours une relation faible avec le client, car elle est économique », se désole le consultant. Comment remettre en cause un cahier des charges proposé par le commanditaire parce qu’il est mal fichu, mal pensé, mal organisé ? On voit bien qu’il faudrait être partenaire de la collectivité plutôt que prestataire, ou que la question de l’innovation soit intégrée au dispositif même d’intervention des services publics
Ce qui semble certain, c’est que pour obtenir des changements de comportements, il est nécessaire d’engager les gens sur le long terme, ce qui est parfois peu compatible avec des budgets épisodiques. L’avenir de l’innovation sociale ne se joue pas uniquement sur les méthodes, mais également sur les modèles économiques. Les méthodes innovantes, le design, les prototypes peuvent produire les mêmes échecs que les méthodes traditionnelles. Avec un risque de surenchère dans les méthodes : chaque agence produit ses jeux et ses kits, ses prototypes, bénéficiant finalement assez peu des enseignements précédents.
Ce qui est sûr, c’est que le modèle du conseil, de la prestation, de l’appel d’offres peine à créer de la stabilité, des programmes sur le long terme, de l’identification des acteurs… et au final, peine à instaurer un cadre de confiance suffisant. Alors même qu’il faudrait pouvoir aller là où les gens ne vous attendent pas. Alors même qu’il faudrait faire des expérimentations sur le développement durable là où il n’y a pas les moyens d’en faire.
Ainsi "L’avenir de l’innovation sociale ne se joue pas uniquement sur les méthodes, mais également sur les modèles économiques", voilà une position que défendent des intellectuels comme Bernard Stiegler ou Paul Jorion (Agonie du capitalisme et économie de la transindividuation).
Un nouveau modèle économique accompagné d'un nouveau modèle politique peut être basé sur le tirage au sort comme le défend Etienne Chouard ou encore Jean-Claude Werrebrouck : Projet de refonte de la finance : l'architecture de base :
Il convient de mettre en place des institutions freinant la tendance universelle, à ce que le politique ne soit que l’utilisation à des fins privées, de ce qui est commun à tous.
Dans l’Etat parvenu à son stade démocratique, la solution consiste à interdire constitutionnellement la professionnalisation de l’entrepreneuriat politique par interdiction du renouvellement des mandats, mandats eux-mêmes pouvant au moins partiellement être générés par des procédures non électives, par exemple le tirage au sort.
Encore et toujours la figure de l'amateur, quand la société croule sous le poids de la complexité, il est tant de penser à l'après avec un système plus simple.