Stiegler à la colline le 3 mars 2012

J'étais au théâtre de la colline pour supporter Bernard dans une de ses conférences. Cette fois-ci, il était accompagné d'une dizaine d'autres intervenants pour parler d'une de leur dernière publication : L'école, le numérique et la société qui vient.

Le sujet de l'après-midi fut donc l'éducation et la manière de transmettre le savoir avec l'arrivée du numérique. J'aime beaucoup les discussions des philosophes, mais parfois ça traine un peu en longueur pour expliquer des choses assez simples.

Je suis dans l'ensemble tout-à-fait d'accord avec leurs propos, mais il est parfois plus simple de prendre un point de vue particulier plutôt que de tourner autour.

D'ailleurs à un moment, une personne du public a pris la parole pour faire remarquer l'âge et le sexe des intervenants : homme d'environ la cinquantaine. Comme si la conférence évoquait un sujet sans jamais y toucher celui de : comment on fait pour éduquer des enfants dans un monde qui change perpétuellement (au niveau technique) ?

Ce que je pense : on a des pistes, des idées, des fondamentaux qu'on connait et sur lesquels on devrait insister.

  1. Tout d'abord le développement du langage dans les premières années de l'enfance est indispensable ; une fois qu'on maîtrise la langue tout devient plus facile pour la suite.
  2. Une fois le langage développé, travailler la construction mentale de ce qu'il faut apprendre. Plusieurs intervenants en ont parlé, il est possible d'évoquer l'histoire d'une technique ou d'une matière avant de l'aborder dans le sens théorique.
  3. Ensuite, on peut passer à une étape pratique qui doit être motivé par un objectif transcendant qui devrait être celui de s'élever humainement (un objectif désintéressé) ; devenir un homme.

C'est justement le besoin de devenir une personne qui est mis de côté dans notre société. On privilégie à cela le besoin de devenir employable, en capacité de fournir un travail. Finalement, on ne progresse jamais.

C'est donc là que je place une citation de Stiegler qui rentre dans la logique développée sur ce blog depuis plusieurs billets :

Ecrire du code, c’est éminemment industriel – déprolétarisant. Les processus de travail à l’intérieur du libre permettent de reconstituer ce que j’appelle de l’individuation ; c’est-à-dire la capacité à se transformer par soi-même, à se remettre en question, à être responsable de ce que l’on fait et à échanger avec les autres.

Cela fait longtemps, par exemple, que les hackers s’approprient les objets techniques selon des normes qui ne sont pas celles prescrites par le marketing.

Comme l'avait déjà défendu Paul Feller, il faut coder ; coder, coder à plusieurs, avec pour l'objectif de s'individuer.