L’alternative à l’hégémonie sociale du machinisme : les low-tech
« C’est la recherche de l’intérêt individuel qui permet de réaliser l’intérêt général ». Voilà le modèle dans lequel nous vivons depuis les années 1870.
Les modèles néoclassiques supposent toujours que l’économie étudiée est à l’équilibre et y retournera quoi qu’il advienne. Cela interdit de prendre en compte, autrement que sous la forme d’événements aberrants – ce que les économistes appellent des « cygnes noirs » – qu’il est pourtant vital de pouvoir anticiper.
Gaël Giraud - L’économie malade de ses modèles
Il s’agit d’une modèle statique, limité, dont nous savons qu’il ne fonctionne pas et qu’il a ses limites. Et comme ce système est sensé s’équilibrer, il est possible d’innover, développer sans cesse sans se soucier de la pollution générée.
Pourquoi ? Parce que le système est sensé s’équilibrer donc le marché changera pour limiter la pollution de manière naturelle.
Croissance et technique
L’apparition d’une technique change le monde, il y a des effets positifs et des effets positifs. Par exemple, la chimie de l’agriculture industrielle permet d’augmenter la production, mais détruit le sol.
« Tout progrès technique implique aussi une perte, un coût »
Ellul, J. (1988). Le bluff technologique.
Bien sûr, on ne veut retenir que les effets positifs, surtout quand on ne subit pas les effets négatifs. Un iPhone 12 reste un outil bien pratique, surtout quand ce ne sont pas nos propres enfants qui le montent, tant que ce ne sont pas nos montagnes qui stockent les déchets électroniques. On rappelle que 10% des personnes les plus riches au niveau mondial génère 80% de la pollution.
Mais il y a aussi les lobbys ceux qui accumulent le capital. Les grandes entreprises qui ont cru rapidement mais qui une fois au sommet bloquent l’innovation pour garder leur avantage stratégique. Oui, car l’innovation dope les rentes et les rentiers en veulent toujours plus, mais au détriment de qui ?
Pour que l’innovation produise de la croissance et que celle-ci profite au plus grand nombre, il faudrait ouvrir les connaissances en affaiblissant les droits de propriété intellectuelle et favoriser des systèmes numériques qui soient transparents, plutôt que d’enfermer les connaissances, plutôt que d’avoir un processus de monopolisation intellectuelle, comme nous le faisons aujourd’hui.
Cédric Durand
Pourquoi les Low Tech ?
Quand on pense Low Tech, on adopte une posture de « décroissance ». La low Tech : c’est une technique qui ne produit pas d’externalités négatives ; c’est-à-dire que son utilisation par certains ne nuit pas aux autres.
Il importe que ces techniques ne nous remplacent pas, ne travaillent pas à notre place, et ne prennent pas toute la place.
Développées avec des moyens locaux, elles sont simples, recyclables, réparables; modulables, contrôlables, conviviales, sobres en ressources et économes en énergie. Ce sont des outils permettant de développer l’autoproduction et l’autonomie de leurs utilisateurs, bref, de favoriser une liberté nouvelle, indépendante de la propriété et de la puissance.
Louis Marion - Une critique décroissanciste de la domination technique
Il semble maintenant faire consensus que nous sommes dans une course contre le climat, l’urgence climatique la nomme-t-on. Si jamais gagner cette course a un sens, la gagner demande de comprendre que le modèle actuel est destructeur, notre façon d’aborder les problèmes est destructrice.
Si les externalités négatives ne sont plus acceptables, il convient de faire les choses autrement.