Sobriété numérique - les usages
Notre activité principale, c’est quoi ?
En ce moment, je me promène sur LinkedIn. Comme tout réseau social, cette application professionnelle a beaucoup de biais.
Devoir enjoliver des expériences comme si on avait dirigé une mission lunaire et être en incapacité de valoriser des qualités humaines qu’on aurait mis au profit d’un projet.
Sur LinkedIn, tout le monde est manager, car ce qui fait monter en grade c’est la capacité à gérer des personnes ou des choses en masse, plus ou moins.
Chaque soir devant mon évier, je m’imagine publier l’activité que je pratique le plus : la vaisselle.
Ma qualification
Je suis en quelque sorte un Kitchen manager.
Je vais au marché, je gère un stock de nourriture, je sors les casseroles appropriées, je mets la table… bref, je fais la bouffe.
Et en période de confinement, ça se répète souvent, très souvent. Et donc, je fais la vaisselle toute la journée (de casseroles qui ne passent pas au lave vaisselle).
(Sachant que nous sommes 2 en 50-50 pour cette tâche, mais que ça pesant.)
Le numérique
Dans le monde de la mise en forme d‘interfaces sur la web, il y a ces grands débats sur les FrameWorks (CSS, ou autres).
Si vos différents sites web sont des cuisines. Vous avez envie de retrouver dans chaque cuisine les ustensiles à la même place, diminuer le temps d’entretien… Donc vous utiliserez un FrameWork populaire.
Moi, j’ai une casserole/cocote/poêle pour chaque type de cuisson. C’est essentiel pour faire de la bonne cuisine. Ça me fait beaucoup de vaisselle, mais c’est adapté à mon besoin.
Faut ranger tout ça, ça tient à peine dans les tiroirs, faut optimiser, c’est fastidieux mais c’est mon exigence culinaire. Je n’aime pas les choses fades.
Les feuilles de styles, le code, c’est toujours un peu ça, c’est adapté à un usage. On aimerait optimiser/standardiser, mais y a toujours un bout de code, un truc spécifique qui fait que c’est différent pour chaque personne.
Et sur ce sujet, bien entendu, comme on a tous des besoins différents, les gens ne sont pas d’accord.
Dans le fond ce que se disent les gens, c’est que leur usage à eux est le meilleur (puisque c’est le leur et qu’ils ont mis tout une vie à la mettre en place).
La sobriété numérique et les usages
L’usage est un sujet subjectif forcément voué à créer des tensions entre les personnes.
Or, on en a déjà plus ou moins discuté ; notre système politique, la généralisation de la pratique du numérique permet de limiter au maximum les occasions de se mettre d’accord. Nous déléguons les choix à des instances, groupes, processus ou que sais-je. Ça nous fait gagner du temps et ça évite les prises de becs.
La sobriété numérique, les économies d’énergie… peuvent être des sujets partagés et pris en compte par une majorité. Mais nous sommes habitués à éviter le sujet qui fâche la remise en cause des usages : du pourquoi.
C’est ainsi que même si des personnes partagent le même objectif, elle pourront quand même être toujours opposées.
Je ne me cache pas. Je fais partie de personnes qui pensent que nos usages actuels ne sont pas compatibles avec nos objectifs de réduction des émissions (ce n’est pas une question d’optimisation).
Pratiquer le numérique responsable ou faire de la sobriété numérique ne tient à mesurer et optimiser, car vous aurez toujours des effets rebonds ou des investissements à rentabilité nuls.
Pratiquer le numérique responsable ou faire de la sobriété numérique, c’est admettre que les situations d’usage sont multiples et propres à chacun.
On peut parfois standardiser, mais souvent ce n’est pas adapté. Et pour faire quelque chose d’efficient, il faut savoir discuter et se poser la question du : pourquoi ?