Sobriété numérique - les pratiques

Voici une série d’articles qu’on peut qualifier d’assassin : Accessibilité numérique : la consternante apathie de nombreux organismes publics.

Le constat

Christian Volle a fait une petite étude sur un nombre réduit de sites de l’État, il constate que l’engagement de l’État pour l’accessibilité n’est et ne sera pas rempli (à court ou moyen terme).

Les services de communication au public en ligne ne seront pas accessibles avant le 23 septembre 2023, soit dix-huit ans et demi après la loi de 2005.

Je suis assez proche du sujet en ce moment, j’ai un avis sur la question, mais je vais juste me concentrer sur les pratiques.

Industrialisation de la société

La société industrielle a poussée vers une homogénéisation des produits et des individus.

La société libérale a poussé vers une privatisation de l’espace public.

Quand dans des temps pas si lointains, intégrer la fonction publique était le synonyme de réussite sociale (juges, notaires, professeurs, infirmières…) ; La généralisation de la pensée entrepreneuriale et le développement des méga-entreprises ont complément dégradé la reconnaissance de ces fonctions dans la société.

Désormais, il est plus valorisant de « faire de l’argent ». Et c’est par ceux qui ont l’argent que les décisions sont prises.

On observe donc un double phénomène : dévalorisation des métiers dit « utiles » et destruction des savoir-faire.

La destruction des savoir-faire

La pensée libérale étant de mise et la notion de service publique ayant été dégradée depuis plusieurs décennies ; L’état est désormais perçu comme une entreprise ; entreprise avec des savoir-faire qui ne correspondent plus à la réalité du marché.

Ainsi, comme pour toute entreprise qui génère plus de dettes que de bénéfices ; la solution des dirigeants, formés au modèle d‘optimisation des entreprises privées, est de rationaliser les pratiques (numériser) ainsi que que se séparer du personnel devenu inutile et trop coûteux.

Sauf que, premièrement, l’État n’est pas une entreprise privée basée sur la rentabilité d’un service ; et que, deuxièmement, alors que des savoir-faire ont déjà disparu, on ne réfléchit pas à la valorisation de nouveau savoir-faire. On ne sait même plus ce qu’est un savoir-faire.

Résultat, les agents de l’État, très compétents, motivés, ont souvent plus d’actions qui visent à la permanence du système et plutôt qu’à sa transformation (en profondeur).

Dans ce cas de figure, le niveau d’accessibilité des démarches publiques n’est pas la conséquence d’une mauvaise volonté de l’État, de ses agents ou que sais-je.

Il pourrait plutôt s’agir d’un manque de centrage sur les savoir-faire (en interne) pour la réalisation et la maintenance d’une démarche numérisée. Il y a quelque chose de neuf à insuffler.

La transformation de l’État

En terme d’éco-conception, l’État devrait évidemment se poser la question de la nécessité de la numérisation d’un service ou non. Il n’est pas toujours préférable de numériser.

Concernant, les sites et démarches numérisés, le chemin pour la maîtrise des savoir-faire n’est pas évident à faire dans les ministères. Il est difficile, chaotique, ce qu’on veut… cependant il est en cours grâce à des personnes ambitieuses et motivées.

Il est impossible de savoir aujourd’hui si ça aboutira ou quand ça aboutira à une amélioration sensible de la qualité des démarches, il y a toute une machine à faire bouger. Mais face au constat sur la qualité des sites de l’état, nos agents n’ont pas d’autres choix que se concentrer sur les savoir-faire qui peuvent apporter du mieux.