La croissance verte n’aura pas lieu (ou pas pour tout le monde)

Comment nourrir le monde, avec le moins d’émissions possible ?

L’économiste Hélène Tordjman vient publier un livre (La croissance verte contre la nature, critique de l’écologie marchande (La Découverte, 2021)) et surtout de se faire interviewer par Usbek et Rica (« La croissance verte repose sur des solutions techniques toujours plus puissantes et intrusives »).

Différence de réseau racinaire entre agriculture traditionnelle Versus agriculture industrielle

La position d’Hélène ne va pas mettre à tout le monde d’accord. En effet si tout le monde ne tire pas dans le même sens pour le meilleur de l’humanité (avec les technologies High-Tech), comment voulez vous qu’on y arrive ? Et pourtant savez vous que :

L’agriculture industrielle emploie les trois quarts des terres cultivées et épuise 80 % des ressources en eau (de l’agriculture) pour nourrir seulement 25 % de la population mondiale.
L’agriculture paysanne utilise seulement un quart des terres et 20 % des ressources en eau pour nourrir 75 % de la population mondiale.
Hélène Tordjman - « La croissance verte repose sur des solutions techniques toujours plus puissantes et intrusives »

Le problème principal n’est donc pas d’augmenter encore les rendements agricoles grâce aux nouvelles technologies (OGM, agriculture « digitale ») mais de réaffecter les terres aux petites fermes. Avec de petites exploitations en circuits courts, sans chimie, on obtient des rendements à minima comparables, voire plus importants qu’en agriculture conventionnelle.

Mais les nouvelles technologies vont nous aider (?)

On pourrait imaginer que si on engage de recherches dans le bon sens et qu’on reverse l’ensemble des découvertes dans le monde du libre pour que l’humanité en profite… on pourrait y arriver.

Il existe décalage imminent entre les ambitions climatiques renforcées du monde et la disponibilité de minéraux critiques qui sont essentiels à la réalisation de ces ambitions.
Fatih Biro

Actuellement pour notre quotidien d’européen on parle de voitures électriques et de vélos électriques (et tracteurs autonomes pour notre agriculture). Les véhicules électriques demandent des batteries et pas d’autres composants pour leur fabrication. Et en terme de disponibilité ça donne quoi ?


Face à ce constat, Fatih Biro directeur exécutif de l’IEA ne semble par pour autant inquiété. Il pense que les véhicules électriques sont toujours moins consommateurs que les véhicules traditionnels. Et que si tout le monde met du sien… on va y arriver.

Bien que l’extraction minérale soit relativement intensive en émissions, les émissions sur le cycle de vie des véhicules électriques sont aujourd’hui environ la moitié de celles d’une voiture traditionnelle et seulement 1/4 avec de l’électricité propre.
Fatih Biro

Mais si on regarde les choses les choses en face. On se retrouve encore avec un discours du chemin de crête où il faudrait qu’il existe un alignement improbable des planètes. L’International Energy Agency préconise que les acteurs prennent en compte le développement durable dans toute leur chaîne de production et jouent la transparence.

Chose qui n’existe pas, qu’on est pas prêt de voir et que les entreprises ne veulent pas faire, sachant qu’il n’y a aucun cadre global contraignant, lire : Survente des rapports de développement durable.

La roue libre

Si on regarde le sujet de la croissance verte de manière systémique. Il n’y a pas de raison que ce qu’il se passe dans l’agriculture ne soit pas valable dans la majorité des autres domaines : éducation, culture, artisans, transport…

Si on transpose on pourrait avoir ce genre d’analyse comparable où :

La voiture occupe les trois quarts des espaces urbanisés et épuise 80 % des ressources en minérais pour transporter seulement 25 % de la population mondiale. Les transport doux utilisent seulement espaces urbanisés et 20 % des minérais pour transporter 75 % de la population mondiale.

Je me répète peut-être mais dans la situation de l’homme face aux limites planétaires, nous, humains (éduqués) pensons qu’il suffit de poser le problème comme sur un échiquier (monitorer/mesurer), de faire mouliner les neurones et une solution va émerger (et si notre cerveau n’est pas suffisant faisons mouliner un ordinateur).

La terre n’est pas un échiquier, c’est-à-dire un espace uniforme et maîtrisable par le calcul. Seule la posture réaliste face aux méthodes qui permettent de préserver l’environnement (pour l’Homme) sont valables.