Référent Accessibilité : le mouton à 5 pattes

Chronique d’un échec, ce qu’il faut savoir du poste de référent accessibilité numérique.

Comme vous la savez, mon profil n’a pas été reconnu comme étant en adéquation dans mon dernier poste. On va discuter de certaines choses.

Vous avez déjà fait un audit de 8 jours et enchaîné une réunion de présentation du rapport de recommandations avec toutes les parties prenantes ? C’est fort possible que quelqu’un dise à un moment un truc comme : « Alors Next Steps ? »

Vous, dans votre tête, vous avez 18 scénarios de stratégie allant de : la refonte complète du site avec modification radicale du processus de conception À on va corriger la couleur du bouton de validation. Souvent la réponse ressemble à : euuuuuuuuuuuuh.

Il est légitime que votre interlocuteur pense que vous ne savez pas comment piloter l’amélioration de l’accessibilité.

Ce euh, c’est ce qu’on peut appeler le « mur de l’accessibilité » ; ce moment où ce qu’il faudrait faire dans l’absolu pour améliorer l’accessibilité (en allant vers la conformité) et entre ce qu’on peut réellement engager dans l’état tout de suite : est un gouffre profond.

Dans cette situation, vous êtes au four et au moulin avec un manque criant d’éléments pour vous engager prendre la responsabilité d’une décision. C’est pour cette raison que les entreprises d’audit ont tendance à faire leur réunion de rendu d’audit à plusieurs : 2 voire 3 personnes (2 experts accessibilité). Chacun son rôle.

Cette situation c’est potentiellement ce qui m’est arrivé sur mon poste. Mais pas au même niveau. En effet, le référent est un poste hybride. On dit toujours que c’est le mouton à 5 pattes.

Il y a des profils plutôt sur le pilotage, le « change management » ou la maturité de prise de conscience ; mais qui ne sauront jamais expliquer les enjeux de passer du WCAG 2.1 à 2.2 (qui sont radicaux pour l’EAA en terme de conception).

D’autres profils sont plus sur l’expertise technique ; parfois ne voient les sites qu’à travers la conformité, parfois la voient autour de la maturité technique dans la chaîne de production.

Il est indéniable que je suis plutôt dans la seconde catégorie. Mais qu’on le veuille ou non. Il faut certainement être technique. Car, je l’ai déjà expliqué, il faut casser la chaîne des priorités dans le monde du développement informatique qui est basé sur celui qui est le plus expert que l’autre.

Mais ce n’est pas suffisant, il faut casser cette chaîne de priorité dans les processus et dans le pilotage. Vous pouvez trouver ça trop radical, mais la politique de l’eau tiède n’apporte pas de résultats suffisants : c’est trop long.

J’ai atteint une certaine maturité sur les questions des processus, sur la politique, la stratégie. Mais par manque d’expérience, mais aussi par le fait d’avoir le double poste (pilotage et technique), je n’ai peut-être pas atteint le niveau nécessaire en ce qui concerne le pilotage managérial d’un organisme ; je n’avais pas les Next Step par une trop grande importance accordée au diagnostic.

J’ai eu un grand moment de : euuuuuuuuuuuuh.

C’est dommage, c’est ainsi. Il m’a manqué une grosse patte. Mais il faudrait très sérieusement parler du poste de référent car c’est une obligation légale et les succès ne sont pas forcément si courant.