Reprendre les rênes
Dans l'article précédent, nous avions évoqué le fait que la technologie puisse être totalitaire. Je tentais de convaincre certains que la misère ressentie de leur propre vie pouvait être finalement due à leur soumission à la société technicienne. Constat, évidemment douloureux. Cependant, ce n'est pas tant la toute puissante de la technique contre laquelle il faut se battre mais bien la perte de pouvoir politique.
L'art de la fuite
Je regardais ce matin, l'intervention de Thibault Jouannic à Paris Web, sur l'art de la fuite. Très bonne intervention pour faire réfléchir les salariés sur leurs réelles alternatives dans la vie et leur intérêt à éviter la soumission. Pour lancer cette réflexion, il évoque la possibilité de fuir, en disant que ça ne fait pas partie de notre culture.
Je suis un peu plus mesuré sur ce thème dans la mesure où l'humain est un animal dont la survie est fondamentalement basée sur la fuite. Une personne bravant le danger étant portée au rang de héros, à condition que ce soit pour le bien de la société.
Rester à son poste, fréquenter un groupe social inintéressant, ne pas se mettre à jour dans certaines technos, c'est justement fuir le danger de devoir se retrouver seul et d'être écarté d'un groupe social. La peur de la solitude, la folie de la déviance.
Vous le voyez de Thibault à moi, il est très facile de retourner l'usage d'un mot à son profit pour convaincre son auditoire, tout cela dépend de l'objectif visé.
Pour approfondir le débat, je dirais que l'intérêt de la fuite dans le cas de la conférence de Thibault ne se justifie que dans le cas ou la possibilité de peser sur le système décisionnel du groupe dont vous faites partie se révèle nulle.
Le mensonge décisionnel
Si vous n'avez pas encore eu le temps d'écouter une conférence d’Étienne Chouard, je vous le conseille vivement. Même s'il présente de le défaut que ses sujets de conversation amènent ses interlocuteurs à prononcer des idées constructives.
Mois après mois, son discours s'étoffe et se précise. En refaisant, un récapitulatif historique de notre système politique, il explique comment ce que nous appelons démocratie (pouvoir du peuple par le peuple) n'est en réalité qu'un simple système représentatif, dont les représentants font tous partie d'une classe sociale déterminée.
De ce fait, dans un système représentatif, nous avons des aristocrates (aristos en grec : les meilleurs) qui gouvernent pour la classe sociale dont ils sont membres (ou dans laquelle ils voudraient entrer.).
Pourquoi pas, mais tel qu'il fonctionne aujourd'hui avec la répartition des richesses, on peut voir qu'il ne favorise pas la vertu ou la morale. Faire souffrir des milliers de gens c'est annexe, ce qui compte ce sont les bons sentiments.
Les voleurs de pouvoir
Ces gens là, les professionnels de la politique, Étienne Chouard les appelle "les voleurs de pouvoirs". La dénomination est sans équivoque et plutôt bien choisie.
En effet, malgré toutes vos idées, votre investissement, votre expérience, quand est-ce que dans votre vie vous avez eu l'impression que votre opinion a été prise en compte ?
Vous je sais pas, mais moi pas souvent ou alors vraiment assez souvent ni de la bonne manière. On m'a fait miroiter l'argument du vote ou de la porte de bureau "toujours ouverte"; mes délégués du personnel n'ont jamais eu que des miettes, les syndicats défendent leur statut et mon député suit les décisions de sa majorité.
La liberté d'opinion d'accord, mais à la machine à café. Pour ce qui est des décisions ce sera les actionnaires ou les médecins, vétérinaires et banquiers de l'assemblée.
Donner le pouvoir à chacun par l'holacratie
Je suis donc aussi pour la fuite, à condition de quitter les systèmes présidés par des "voleurs de pouvoir". En revanche, je suis pour la lutte qui tente de préserver l'intérêt d'un groupe en tenant compte de l'avis de chacun.
A ce sujet, vous pourriez, par exemple, étudiez les principes de l'holacratie, qui place l'idée de gouvernance ou pilotage par tous comme son fondement.
L’Holacratie facilite la transition vers une organisation à pilotage dynamique, en « inscrivant » dans la structure de l’organisation – dans son ADN – la capacité à transmuter efficacement les besoins et les tensions. Par exemple, en étant extrêmement transparent sur « qui décide quoi »,
Oui, il existe des alternatives, et la figure du chef et de conseils de guerre n'est ni unique dans l'histoire, ni adaptée à toutes les situations. Si l'union fait la force, il convient de trouver le liant qui permet à la mayonnaise de prendre. Ainsi, il faut d'abord trouver ce liant qui permettra de choisir la bonne direction à prendre.
Face à la complexité du monde et la fragilité de notre environnement, la structure intelligente vaut mieux que le dirigeant impeccable.
Quittez l'ancien monde du pouvoir pour peu, et entrer dans le monde d'un pouvoir pour tous.