C’est quoi l’effet rebond pour Internet ?
Le numérique combien ça consomme ? Ne peut-on pas appliquer des règles super optimisées avec du pilotage par des intelligences artificielles pour résoudre le sujet de la consommation d’énergie ?
Le paradoxe de l’efficacité énergétique
L’effet rebond, ou « paradoxe de l’efficacité énergétique », trouve son origine au XIXème siècle, dans l’ouvrage The Coal Question écrit par l’économiste anglais William Stanley Jevons.
L’introduction de technologies plus efficaces, permettant théoriquement de faire des économies d’énergie, augmentait paradoxalement la consommation totale d’énergie consommée.
Espoir
Dans la mesure où il est possible d’extraire davantage d’énergie avec la même quantité de charbon acheté, la situation revient à une baisse du prix de l’énergie tirée du charbon. La diminution du prix de l’énergie permet d’alléger les coûts de production.
Réalité
La demande augmente en retour de l’amélioration de l’efficience. Les applications se multiplient autour de la nouvelle source d’énergie et la consommation totale augmente.
Ce paradoxe appliqué au numérique ?
Selon les études de l’International Energy Agency, ça donne visuellement ça :
Analyse
- Comme vous pouvez le voir, on a multiplié les data centers à travers le monde, mais la consommation totale des data centers n’a pas bougé.
- On a multiplié le traffic Internet par 12 en 10 ans, mais la consommation des data centers est constante.
Mon analyse, qui n’est peut-être pas juste, serait de dire que des progrès sur l’efficience des data centers en terme de consommation d’énergie ont été réalisés. Que ces progrès sont phénoménaux (au regard de l’augmentation du trafic.)
Effet rebond ?
Quand on parle de consommation d’énergie du numérique, beaucoup pensent aux data centers (Alors qu’il y a aussi la consommation du réseau et la consommation des terminaux finaux).
Pour atteindre nos objectifs de réductions de l’empreinte énergétique, on pense naturellement que nos data centers devraient baisser leur empreinte.
Oui et non. Oui parce que c’est déjà ça de gagné. Mais non, car si en retour on construit plus de data centers proposant du stockage bon marché, on augmente la demande ; on augmente le trafic ; on permet de créer de nouveaux besoins ?
On crée un effet rebond et pensant baisser l’empreinte énergétique, on l’augmente (et on augmente aussi la pollution: eau, CO2, destruction des sols…).
Conclusion
Le débat sur la 5G, par exemple, doit se faire autour de cette question de cet effet rebond constaté.
On nous promet plus d’éfficience du réseau, mais la 5G est mise en place pour développer des nouveaux usages, donc augmenter la demande, donc augmenter le trafic sur Internet.
Mais si on augmente le trafic, on augmente le nombre de périphériques, donc l’empreinte énergétique, non ?
La sobriété énergétique et numérique prend le parti non pas de calculer la consommation des appareils et d’essayer de les faire consommer le moins possible. Se concentrer sur la consommation des périphériques, c’est éventuellement créer des sources nouvelles de consommation énergétique.
La sobriété énergétique consiste à se séparer de l’inutile pour se concentrer sur l’essentiel. S’arranger pour que l’essentiel soit toujours disponible et au plus grand nombre. Faire du numérique mais responsable.
La réduction de notre empreinte ne passera donc pas par les High-Tech, mais plus dans notre capacité à réduire la voilure de nos systèmes. A être intelligent, mais sans machine.